Les projections d’amour

Je t’aime !

Dans cette phrase si souvent entendue et prononcée se cache de nombreux implicites d’une complexité incroyable.

Qu’est ce que l’autre veut nous dire lorsqu’il nous dit qu’il nous aime ?

Comment est-ce possible de dire à quelqu’un qu’on l’aime et de le quitter le lendemain ?

Comment est-ce possible de se sentir étouffé par l’amour de l’autre ?

 

Peut-être que ces questions vous parlent, peut-être avez vous déjà vécu ce genre de situation ou de type de sensations ?

Si c’est le cas, allons explorer dans cet article une des raisons majeures de ce type de phénomène.

Essayez de vous souvenir de ce que vous avez vécu, en tant qu’enfant, lorsque vous lisiez la déception dans le regard de vos parents quand vous faisiez quelque chose pour vous, qui ne leur convenait pas.

Essayez également de vous souvenir de vos émotions lorsqu’ils exprimaient leur fierté quand vous faisiez ce qu’ils attendaient de vous et vous félicitiez.

Prenez bien note de ces émotions. et puis répondez sincèrement : avez vous la sensation d’avoir été aimé pour qui vous étiez, ou pour le fait de remplir le projet de vos parents sur vous ?

Cette question est primordiale, elle est véritablement de tout premier ordre. Bien souvent vous trouverez des réponses mitigées, mais vous aurez globalement une piste pour revisiter la façon dont vous avez appris à être aimé et à aimer.

En effet, il existe un décalage, un malaise, un espèce de paradoxe dans la façon dont on à reçu notre éducation. Ce paradoxe est à explorer pour pouvoir être reconstruit différemment, pour aller vers plus d’harmonie et je peux vous assurer que c’est possible en tant qu’adulte désormais !

Pour vous aider à y voir plus claire je vous propose de réfléchir à la question suivante :

Qu’est-ce que nos parents aimaient le plus, nous ? Ou bien les projets qu’ils avaient pour nous ?

Disons les choses en face, les parents ont souvent plus envie que leurs enfants se comportent selon leurs attentes afin de pouvoir faire ce que eux veulent, plutôt que d’être à l’écoute de ce que l’enfant veut et de se rendre disponible pour lui.

  • Baisse ta musique !
  • Tiens toi correctement à table !
  • Finis ton assiette !
  • Range ta chambre !
  • Mais vas-tu te tenir tranquille à la fin ?
  • Laisse moi tranquille, tu ne vois pas que je suis occupé ?
  • Tu dois réussir à l’école pour devenir médecin/avocat/ingénieur/et par extension riche
  • Après tout ce que j’ai fait pour toi, c’est avec ces notes là que tu me remercie ?
  • Ces amis là ne sont pas bons pour toi, arrête de les voir.
  • La danse pour les garçons ? N’importe quoi c’est un sport de fille !
  • Non ma fille, tu ne feras pas de mécanique pour poids lourds !

C’est dans ce type de comportement, qui s’inscrit dans nos croyances les plus profondes, que se loge le cœur du problème de la sur-adaptation aux attentes de l’autre pour obtenir son amour.

 

Les parents se figurent que l’autorité passe forcément par la contrainte, et sans s’en rendre compte ils façonnent l’enfant dans la projection mentale qu’il en ont. Petit à petit ils finissent par aimer d’avantage leur projet d’enfant que leur enfant lui même !

L’enfant quant à lui reçoit le message suivant :

  • Si je fais ce que l’on attend de moi alors je suis aimé. Pour cela je dois étouffer mes propres envies.
  • Si je fais les choses pour moi, pour me faire plaisir, pour expérimenter, je subit la culpabilisation et les reproches des personnes qui m’aiment.

Les limites de ce systèmes sont décrites dans des films comme “le cercle des poètes disparus” ou encore “into the wild”.

L’incompréhension entre parents et enfants grandit au fur et à mesure des années, tant que le parent ne trouvera pas en lui les ressources de faire différemment, que lors de sa propre éducation, pour se mettre à l’écoute de ce qui vit à l’intérieur de l’enfant, plus que de le forcer à rentrer dans le moule de ses projections.

25086311 - girl with dark hair covering her face with her hands

Les réactions de l’enfant sont multiples, cela peut aller de l’apathie, à la révolte en passant par des réflexes autodestructeurs.

Si vous êtes parents vous même, je vous invite à bien revisiter votre notion de l’autorité pour éviter de reproduire ces comportements qui, sous couvert de justifications d’adapter l’enfant à une vie sociale, étouffent la créativité et la prise en charge autonome par l’enfant de son propre bonheur.

Les limites sont bien entendu nécessaire, elles existent par elles mêmes de toutes façons. Les limites physiques sont un principe de réalité incontestable, les limites de sécurité et de respect de l’intégrité de l’enfant sont fondamentales, ainsi que les limites des parents en ce qui concerne leur propre notions de respect, tant qu’ils incarnent cette autorité.

Préférez des phrases du type :

  • “Je ne suis pas d’accord pour que tu fasses ça” à “Ça ne se fait pas !”
  • “J’ai besoin de calme” à “C”alme toi !”
  • “J’ai peur que tu tombes, peux tu descendre de là s’il te plaît” à “Descend de là, tu vas tomber !”
  • “Je ne me sens pas respecté quand tu fais ça” à “Tu te prends pour qui ?”

Bref, vous l’aurez compris, l’idée est de parler de vous et de vos limites, pour permettre à l’enfant de s’approprier les siennes et de ne plus subir les projections du parent.

Incarner ses limites en tant que parent vous permet de vous faire respecter tout en respectant l’enfant. L’autorité n’est plus à confondre avec l’autoritarisme. Cette distinction est fondamentale, car dans cette confusion vient de loger les graines de la projection sur l’enfant, de ce que les parents voudraient qu’il devienne, source de sur-adaptation à l’autre, et vous pouvez être sûr qu’il le fera ! Le besoin d’amour est tellement grand chez chacun d’entre nous que nous nous sommes toujours adaptés à l’autre pour le mériter, que cet autre soit une personne réelle, ou bien idéalisée.

Un enfant est un être qui a besoin de se découvrir, d’évoluer, de se connaître lui-même, et d’être guidé pour cela, afin qu’il atteigne l’autonomie nécessaire à son épanouissement, notamment dans ses relations amoureuses.

Lors de mes coachings, je retrouve ce genre de comportement de “projection sur l’autre” dans la façon dont les personnes envisagent le couple.

Combien de personnes ont un projet “sur” l’autre, une vision de ce que cela devrait être, une idée bien rangée, bien figée sur ce que leur relation devrait être ? Il manquent une part essentielle des besoins humains : l’évolution.

Si l’un se met à changer, à modifier sa vision des choses, sa conception du couple, de la sexualité, etc, alors l’autre bien souvent se trouve incapable d’être à l’écoute de ce qui modifiera ses propres projections.

L’attention à l’autre se limite à savoir comment préserver le projet initial, et non d’être à l’écoute de ce qui vit à l’intérieur de l’autre, d’être attentionné à ce qu’il traverse, de faire écho à ses besoins, et c’est alors que naît le paradoxe de la solitude en couple.

A force d’enfermer sa vision de l’autre dans ses propres projections, on empêche l’amour de soi de vivre en l’autre qui est par essence une autre personne, on empêche l’autre d’être qui il a envie d’être, on empêche l’autre d’être à l’écoute de ses propres besoins, exactement de la même façon que l’enfant face au projet de ses parents.

Alors souvent cela mène au drame.

50748880 - happiness, childhood, freedom, movement and people concept - happy smiling boy jumping in air

Le besoin d’évoluer est incontournable. C’est même plus qu’un besoin, c’est une évidence. Que ce soit sur le plan mental, émotionnel, physique, nous sommes en évolution toute notre vie, qu’on le veuille ou non !

La vie est mouvement.

Ce n’est donc pas en figeant les choses que l’on trouvera l’amour, et la sécurité tant convoitée, mais bien en acceptant leur mouvement.

 

 


Si vous voulez qu’on regarde ensemble votre situation, n’hésitez pas à me contacter

 

 

You may also like

2 Comments

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *